Un peu d'Histoire d'abord
L’histoire de la ville d’Oujda, situé au l'oriental du Maroc, est celle d’une cité au destin constamment fouetté par les vents de la géopolitique. Les péripéties qu’a connues Oujda à travers l'Histoire furent celles d’une ville frontalière passant d’un pouvoir à l’autre selon la fortune des armes.
Fondée par Ziri Ibn Attia, chef Zenete de la tribu de Maghraoua vers 944 au centre de la plaine des Angads, elle demeura pendant 80 ans le siège de la dynastie de son fondateur, avant de passer au pouvoir des Almoravides, puis des Almohades qui y élevèrent une ceinture de fortifications en 1206. Plus tard, les Mérinides et les Abdelwadides se la disputèrent violemment. Elle finit par assumer une fonction stratégique importante en se retrouvant aux frontières de l’empire Ottoman, puis de l’Algérie française, ensuite de l’Algérie post-coloniale.
À partir du 16e siècle, Oujda est l'enjeu de la rivalité entre les chérifs du Maroc et l'Empire Ottoman marquant une période très mouvementée stabilisée finalement en faveur de la puissance marocaine. En 1673, Moulay Ismaïl, grand sultant Alaouite, procèda à la restauration et l’organisation de la ville qui jouait le rôle de relais sur la voie Sijilmassa-Orient.
À partir du 19e siècle, Oujda fut harcelée par la présence française en Algérie, ce qui a abouti à la bataille d’Isly (1844) et à la première occupation occidentale de la ville. En 1907, elle fut à nouveau occupée par la France en prélude à la mise en place du protectorat de 1912. Oujda contribua ensuite très efficacement à la lutte pour l’indépendance du Maroc. Son soulèvement du 16 août 1953 entre autres actions de résistance, fut un avant-goût de la fameuse «Révolution du roi et du peuple» qui a mobilisé les Marocains sur l’ensemble du territoire national suite à la déportation, le 20 août 1953, du Sultan Mohammed Ben Youssef.
Les monuments
Les éminents monuments médiévaux d'Oujda sont la Grande Mosquée mérinide, la Médersa mérinide, le Bain maure mérinide et la Casbah mérinide. Ces monuments datent du 13e siècle. Quant aux remparts de Bab Sidi Abdelouhab, Bab Lakhmiss, Bab Oulad-Amrane et de Bab El-Gharbi, ils datent de la fin du 19e siècle.
La médina représente la vieille ville d'Oujda avec son cachet arabo-musulman. Elle est délimitée du reste de la nouvelle ville par ses murailles en créneaux et merlons et possède des portes à l'architecture notable de style arabo-andalou parmi lesquelles on retrouve Bab Sidi Abdelouahab située à l'est, Bab El Khemis démolie en juin 1920 située au nord, Bab Oulad Amran donnant sur la rue de Marrakech et Bab Gharbi à l'ouest. La porte qui reste la plus remarquable est celle de Bab Sidi Abdelwahab avec sa forme ogivale guerrière encadrée de deux bastions au-dessus de laquelle le pouvoir médiéval faisait accrocher les têtes coupées des rebelles, d’où son second nom de «porte des têtes». Près de la porte de Sidi Abdelouahab, plusieurs mosquées, une medersa, et trois synagogues (une a été restaurée récemment).
Dar Sebti est l'un des palais les plus fabuleux de la ville. Construit en 1938 par un grand commerçant de la cité, il fut restauré et rénové. Il a une double fonction : c'est le siège du Centre d'Études et de Recherches sur la Musique Gharnati, et le lieu d'activités culturelles et de festivités diverses. En face de ce palais, s'étend le parc Lalla Meriem aménagé pour la détente et abritant un musée.
La bibliothèque Charif Al Idrissi, créée en 1956 faisait partie du petit réseau de bibliothèques publiques modernes du siècle dernier. C'est une belle demeure mauresque qui appartenait au pacha de la ville d’Oujda. Depuis, elle abrite des salles de lecture et une bibliothèque spécialisée multilingue.
Non loin de la médina, s'étend le Parc Lalla Aïcha sur une superficie de 20 hectares environ. Créé en 1935, il constitue un lieu de détente pour les habitants d'Oujda. Le Parc Lalla Meriem quant à lui, aménagé pour la détente, abrite le musée Lalla Meriem et fait office de siège du Syndicat d'Initiative et du Tourisme de l'Oriental. On peut aussi y apprendre la musique gharnati.